REUSE en milieu rural

REUSE en milieu rural

REUSE en milieu rural

La reuse en milieu rural présente des spécificités du point de vue des usages, puisque c’est principalement dans ce contexte que se pratique la réutilisation agricole des EUT. Les autres usages susceptibles d'être présents en milieu rural, qu’ils soient domestiques ou au niveau d’une collectivité (arrosage des espaces verts, nettoyage des voiries…), ne sont pas spécifiques à la zone rurale et seront traités par la thématique "REUSE urbaine".

Une autre spécificité de la zone rurale est la relative faiblesse des moyens humains, techniques et financiers des collectivités en charge de l’assainissement dans ces territoires. Les infrastructures de la filière de reuse doivent prendre en compte ces éléments, en particulier les besoins d’exploitation, de maintenance et de suivi des paramètres microbiologiques. En contrepartie, la pression foncière est moindre qu’en ville, ce qui permet d’envisager la création de périmètres irrigués à proximité des stations mais également de mobiliser pour le traitement des solutions fondées sur la nature. Ces dernières sont généralement plus sobres d’un point de vue énergétique et nécessitent moins d’entretien, mais ont une emprise foncière plus importantes que les solutions plus intensives.

La réutilisation agricole des EUT fait face à un certain nombre d’enjeux, comme par exemples :

  • Adaptation à la réglementation, puisque le règlement européen encadrant les pratiques à l’échelle de l’UE sera applicable à partir du 26 juin 2023 et qu’il modifie sensiblement les conditions par rapport à la réglementation française préexistante ;
  • Efficience technique, on l’a vu pour la production d’EUT, mais aussi pour son utilisation : stockage (car les volumes produits peuvent ne pas correspondre aux besoins) et matériel d’irrigation doivent être adaptés à cette nouvelle matrice que sont les EUT ;
  • Agronomique, puisqu’un des intérêts de la reuse agricole est d’apporter de l’eau et des nutriments. Il s’agit à la fois de maximiser cet apport, tout en adaptant les pratiques de fertilisation en fonction des besoins des cultures afin que les nutriments en excès ne se retrouvent pas dans l’environnement ;     
  • Environnemental, outre l’objectif vertueux d’économie d’eau qui n’est atteint que dans les cas de substitution de ressources conventionnelles par des EUT, alors même que ces dernières n’avaient pas un rôle de soutien du milieu par ailleurs. Se pose donc la question du transfert des polluants résiduaires présents dans les EUT (nutriments, pathogènes, micropolluants, sels). Ces transferts concernent les plantes, le sol, voire le système hydrologique. De cela découle également la question de la préservation de la qualité des sols à long terme, tant du point de vue de ses propriétés physiques que du maintien de la biodiversité. 
  • Economique, l’équilibre du coût de l’eau  pour les utilisateurs  finaux semble particulièrement compliqué en comparaison avec les autres sources d’eaux conventionnelles à atteindre comme en témoigne le nombre élevé de projets avortés ou abandonnés (CEREMA, 2020) ;
  • Organisationnel, puisqu’il s’agit d‘associer plusieurs acteurs de nature différentes entre eux (collectivités, privés, monde agricole, consommateurs) afin de gérer les risques associés et de se concerter sur la pertinence de cette solution pour le consommateur final ou la gestion du territoire rural.

 Le réseau reuse d'INRAE produit à travers ses 4 axes de recherches (Territoires, Risques, Filières et Acteurs) des connaissances qui peuvent être mobilisées pour répondre aux enjeux de la reuse en milieu rural. Plusieurs projets s’inscrivent d’ores et déjà dans cette thématique. L’enjeu pour 2021 sera de les mettre en relation pour qu’ils se nourrissent mutuellement, identifier des manques et mettre à disposition les connaissances produites.

Contact: Nassim Ait-Mouheb, Rémi Lombard-Latune et Stéphanie Prost Boucle (cf. coordonnées sur la page de contact).